À partir de quel âge est-on trop vieux pour trouver un emploi ? Si vous trouvez cette question futile ou inutile, c’est sûrement parce que vous avez moins de 55 ans. Saviez-vous par exemple qu’en 2020, un demandeur d’emploi de plus de 50 ans restait en moyenne 1 042 jours au chômage, soit près de trois ans ?!
Trop "vieux" ou trop chers, ceux que l’on range dans la case « seniors », c’est-à-dire les plus de 50 ans, sont victimes de nombreux stéréotypes qui, à compétences égales, diminuent leur employabilité et la pleine utilisation de ces compétences mises au service d’entreprises qui peinent pourtant à recruter.
Dans cet article, nous faisons le point sur les principales idées reçues concernant l’emploi des seniors ainsi que sur les solutions qui existent pour mieux valoriser ce vivier de talents fortement sous-estimé.
Quels sont les clichés à l’encontre des seniors dans le monde du travail ?
Travailler plus longtemps ? Pourquoi pas, mais il faudrait d’abord qu’il y ait du travail pour tout le monde et en premier lieu pour les seniors.
Quand on sait que deux tiers des personnes âgées de 60 à 64 ans ne travaillent pas, n’est-il pas évident de constater que l’âge est devenu l’un des principaux critères de discrimination à l’embauche ?
- En quelques décennies à peine, la perception de l’âge des candidats par les recruteurs — et, dans une certaine mesure, par la société tout entière — a complètement été pervertie. Le sage, l’expérimenté d’hier, celui qui détient la mémoire de l’entreprise, est devenu le “has been” d’aujourd’hui.
- La retraite à soixante ans instituée en 1981 et le système des préretraites, financé en grande partie par les finances publiques, qui s’est développé dans les années 85-95 ont imprégné profondément et négativement l’inconscient collectif.
- Ajoutons à cela un système économique fondé sur l’innovation et donc la nouveauté qui a terminé de nous faire entrer dans l’ère du remplaçable, du jetable et de l’instantané — ce que l’on appelle parfois la modernité.
Les seniors coûtent trop cher
Oui, mais par rapport à qui ? C'est indéniable, comparé à Sébastien, le jeune stagiaire en fin de première année, Gérard, 62 ans, va nous coûter un peu plus cher. Mais bon, Gérard a plus de 30 ans d'expérience en tant que mécanicien et il est le seul à pouvoir réparer les systèmes de climatisation HC45 sans qu’on ait besoin de les renvoyer en Allemagne chez le constructeur. Comme on dit, l'expérience a un prix !
Par le passé, les cadres étaient récompensés par une augmentation salariale progressive en fonction de leur ancienneté. Mais cette façon de voir les choses est en train de disparaître.
💡 Aujourd’hui, la rémunération est principalement liée au poste occupé, aux responsabilités assumées et aux résultats obtenus.
Pour garder des cadres performants, les salaires doivent être compétitifs par rapport au marché, peu importe l'âge des employés. Cela montre clairement que l'expertise et l'expérience ont une valeur inestimable et parfois mal évaluée.
D'ailleurs, il est important de souligner que les seniors ne sont pas les plus demandeurs en matière de salaire. En fait, trois candidats seniors sur quatre seraient prêts à accepter une rémunération inférieure pour décrocher un poste. Ils seraient également prêts à changer de métier ou même d'entreprise.
Les seniors sont imperméables aux nouvelles technologies
Ah, la légende urbaine des seniors qui ne savent pas se servir d'un ordinateur ! C'est vrai que ça fait toujours plaisir de répéter les mêmes clichés éculés, même s'ils sont totalement faux.
Au risque d’en décevoir certains, les seniors ne sont pas des dinosaures qui peinent à utiliser un clavier ou une souris. Ils ont grandi avec les ordinateurs et les nouvelles technologies, et ils savent s'en servir aussi bien que les jeunes générations, voire mieux dans certains cas.
Et puis, si un candidat, qu'il soit senior ou junior, ne maîtrise pas un outil informatique en particulier, est-ce vraiment un problème ? C'est le rôle des entreprises de former et d'accompagner leurs collaborateurs dans leur évolution professionnelle, non ?
👍 Vous pouvez par exemple utiliser le logiciel d’onboarding de HeyTeam pour faciliter l’intégration de vos nouveaux collaborateurs, juniors ou seniors, en créant des parcours personnalisés adaptés aux besoins de chacun.
Il est temps de mettre fin aux préjugés sur les seniors et de reconnaître qu'ils peuvent être tout aussi compétents que les plus jeunes en matière de nouvelles technologies.
Les seniors ne savent pas travailler avec les jeunes
L'idée reçue selon laquelle les seniors ne peuvent pas s'intégrer dans des équipes plus jeunes est un préjugé infondé qui n'a pas sa place dans le monde professionnel. En effet, l'âge ne détermine pas la capacité d'un individu à s'adapter à un nouvel environnement ou à travailler efficacement en équipe.
💡Le facteur clé de l'intégration réussie d'un collaborateur, quel que soit son âge, est sa motivation et ses soft skills, tels que la flexibilité, l'ouverture d'esprit, la capacité à communiquer et à collaborer avec des personnes d'horizons différents.
En outre, la diversité des générations au sein d'une organisation représente une opportunité pour l'entreprise de développer une culture de la créativité et de l'innovation en croisant les points de vue et les expériences.
Les entreprises qui pratiquent la diversité, qu'elle soit en termes d'âge, de genre ou de culture, ont une longueur d'avance sur leurs concurrents, car elles sont plus aptes à relever les défis d'un monde en constante évolution.
Les seniors manquent de dynamisme ?
C'est absurde ! Bien que les performances physiques puissent effectivement diminuer avec l'âge, l'énergie, la volonté et en fin de compte l'efficacité ne sont en aucun cas liées à l'âge, mais plutôt au tempérament individuel et la qualité des missions qui sont confiées à un salarié.
💡Et si les études montrent qu’à 60 ans, un salarié en bonne santé dispose encore de 80% des potentialités dont il disposait à 20 ans, on se rend compte que l'âge n'est pas forcément un critère déterminant pour juger des performances professionnelles d'un candidat.
Lors d'un entretien de recrutement, il est donc important d'évaluer la motivation du candidat et sa capacité à maintenir un rythme de travail élevé si cela est nécessaire pour le poste, plutôt que de se fier à des préjugés dépassés.
Et si le poste exige effectivement une condition physique exceptionnelle, c'est le médecin du travail qui doit juger de l'aptitude ou de l'inaptitude d'un candidat, pas un stéréotype mal placé.
.jpg)
Suite aux clichés, un renouveau s'opère dans l'employabilité des seniors
Les carrières des seniors sont de plus en plus longues et prolifiques après 50 ans
Si quelques clichés ont la vie dure, certaines statistiques montrent que les lignes bougent et que les entreprises se rendent compte de la vraie valeur des seniors. L’INSEE a révélé qu’en 2020, le taux d’emploi des seniors avait fait un bon de 7% pour atteindre 63,5%.
Plusieurs explications à ce phénomène :
- sur un marché du travail tendu, certains recruteurs sont davantage prêts à explorer de nouveaux viviers de candidats ;
- Internet a permis à toute une génération de jeunes entrepreneurs de lancer leur business en ligne de manière autodidacte. C’est maintenant au tour des seniors d’explorer le potentiel du digital : on compte une proportion d’entrepreneurs de 18 % chez les adultes de 50 à 64 ans, soit 7 % de plus que chez les moins de 30 ans ;
- les femmes sont celles qui s’épanouissent le plus après 50 ans : plus d’enfants à charge et des mentalités qui ont changé. Résultat ? Le nombre de femmes de plus de 55 ans développant des projets de start-up a augmenté de 67 % entre 2006 et 2016. Celui des cheffes d’entreprise âgées de plus de 65 ans a grimpé de 132 %.
- certains postes ne peuvent pas être donnés à des juniors de toute façon et le savoir-faire devient une perle rare. On oublie que beaucoup de métiers ne sont pas 100 % digitalisés (l’aide à la personne, la médecine, la restauration…) ; il y a des métiers manuels et des métiers de réflexion stratégique pour lesquels il faut avoir roulé sa bosse, comme on dit.
« Il y a un renouveau de l’attractivité des seniors dans les entreprises, car on a besoin de stabilité et ces profils peuvent l’apporter. Nous sommes beaucoup d’entrepreneurs à partager le même constat : la réussite d’une entreprise passe par cette belle alchimie entre les générations, cela fonctionne quand on arrive à trouver le bon équilibre dans ce mix générationnel ! » témoigne un chef d’entreprise, membre du réseau Entreprendre et de l’Apm (Association Progrès Management).
L'emploi des seniors est une chance et un défi pour les entreprises
Les seniors sont souvent une véritable chance pour les entreprises. Leurs années d'expérience et leur maturité leur permettent de faire preuve d'une grande autonomie et de s'adapter rapidement à de nouveaux environnements.
De plus, leur capacité à prendre du recul et à aborder les problèmes avec sérénité est une qualité précieuse pour toute entreprise.
Et ce n'est pas tout ! Les seniors ont souvent appris à gérer le stress et à rester opérationnels dans des situations difficiles, ce qui en fait des collaborateurs très efficaces.
Enfin, contrairement aux idées reçues, leur ambition évolue avec l'âge, ce qui les rend plus fidèles à leur entreprise. Autant dire que recruter des seniors peut être une véritable aubaine pour les entreprises qui souhaitent renforcer leur équipe avec des collaborateurs expérimentés et talentueux.
Comment faire pour bien intégrer les seniors dans son entreprise ?
L’idée, c’est de les aider à révéler leur vraie valeur ajoutée en les traitant d’égal à égal avec les autres salariés tout en adaptant leurs conditions de travail en leur donnant tous les outils dont ils ont besoin pour qu’ils ne se sentent pas dépassés :
- accueillir les seniors avec un onboarding personnalisé pour les intégrer au mieux dans l'entreprise ;
- former régulièrement les seniors pour qu'ils puissent continuer à développer leurs compétences ;
- personnaliser leur parcours en tenant compte de leur passé et de leurs aspirations pour leur offrir des perspectives de carrière intéressantes ;
- développer le tutorat et la transmission intergénérationnelle des compétences pour permettre aux seniors de partager leurs connaissances et d'apprendre de leurs collègues plus jeunes ;
- adapter les conditions de travail pour favoriser le bien-vieillir au travail et assurer la santé et le bien-être des seniors ;
- valoriser l'expérience des seniors en les prenant pour modèles et en soulignant leur parcours inspirant pour lutter contre l'âgisme ;
- aménager les fins de carrière en offrant des transitions flexibles et choisies entre formation, travail et retraite pour permettre aux seniors de continuer à contribuer à l'entreprise tout en préparant leur départ en douceur.
L'âge ne devrait pas être un critère de discrimination à l'embauche, car les seniors possèdent une grande expérience et des compétences précieuses pour les entreprises. Les stéréotypes qui les concernent, tels que leur imperméabilité aux nouvelles technologies ou leur coût trop élevé, sont, nous l’avons vu, infondés. Il est temps de mieux valoriser les talents des seniors pour leur permettre de contribuer pleinement à la vie professionnelle et à la performance des entreprises.
Sources : Eurostat - France Info, Anact 2018
.png)
